Redonner le sourire au jardin Zoologique de Kinshasa

 Situé en plein centre-ville de Kinshasa, le jardin zoologique de Kinshasa essaie de survivre à toutes les crises multisectorielles qui se sont succédées dans le pays. Quelle peut donc être la part du citoyen lambda dans la revalorisation de ce site ?

Créé en 1933 par l’ancien commissaire de district de Léopoldville Fernand de Bock et ouvert au public le 17 Juillet 1938. Initialement étendu sur 16 hectares le site n’en compte plus que 7. Et, déjà en 1956, pour éviter sa fermeture pour des soucis financiers le jardin zoologique avait dû céder un tiers de sa concession à l’actuel Hôpital Général de Référence de Kinshasa. Ensuite, vers la fin des années 60 À la fin des années 1960, le Président Mobutu avait déjà commencé à développer le zoo présidentiel sur les pentes du Mont Ngaliema. Comme quoi, les déboires du Zoo ne datent pas d’hier. Mais, malgré le cumul de ces tourments, l’on entend encore les adultes d’hier ressasser aux jeunes générations certaines « heures de gloire », comme l’époque où le lion y trônait encore, les fières allures de l’unique okapi y introduite depuis 1954, ou tout simplement d’avoir loupé l’épopée du célèbre chimpanzé « Vieux Marcel ». Ce bon  « Vieux Marcel » que le grand chroniqueur Manda Tchebwa cite comme inspirateur du N’dombolo, cette danse née, dit-on, de la « singerie » de « Vieux Marcel ». En effet ce dernier un inoubliable « primate-vedette » du jardin zoologique de Kinshasa, décédé depuis, et dont la cage serait toujours restée vide.

Placé sous la supervision de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) le  jardin zoologique de Kinshasa emploie 70 agents. Il offre à voir quatre variétés d’espèces dont des mammifères, des reptiles, des oiseaux et des poissons. Actuellement l’animal le plus vieux est un vieux crocodile du Nil qui totalise à ce jour 85 ans d’âge. C’est vrai qu’il faut encore en ajouter à la population animale, c’est vrai qu’il faut encore entretenir et achalander le parc des jeux pour enfants, mais, selon Arthur Musangi, biologiste de formation et guide le zoo kinois a toujours beaucoup d’atouts à revendre. Ils déploient sur terrain une équipe de communication et marketing pour sensibiliser la population à venir communier avec ce site jouissant d’une position géographique avantageuse en plein centre-ville d’une mégalopole de 15 millions d’habitants.

Le Zoo de Kinshasa serait-il à l’image de la population kinoise ?

Dans  La Peste, Albert Camus écrit : « Une manière commode de faire la connaissance d’une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt. (Nos concitoyens) ont du goût aussi pour les joies simples, ils aiment les femmes… » De là nous offrirons seulement deux types de cliché : l’afflux à Yolo Kapela, Boulevard Kimbuta, Bon Marché, Bloc Commercial à Bandal…en face de l’affluence au Zoo de Kin il n’y a pas photo. On dirait le public obligé de site touristique reste les écoliers de la maternelle et du primaire qui y affluent par délégation les jours ouvrables pendant quelques jours ouvrables de l’année scolaire. Aussi on y croise un petit autre monde. Quelques rares citoyens sans histoires qui par routine, nécessité ou opportunité viennent y ruminer leurs spleens. Par-ci par-là quelques amoureux, anciens ou nouveaux. De temps en temps on y croise un pasteur évangélique qui vient beugler ses bénédictions prophétiques à par téléphone à ses ouailles : ici il ne dérange personne, puisqu’il n’y a presque personne. Ce qui ne serait pas le cas s’il le faisait depuis sa résidence entourée des voisins grincheux. Ensuite, le public de luxe demeure quelques expatriés qui en ont tant vu à travers le monde et viennent amasser l’expérience du zoo kinois à comparer avec les autres vécus à travers le monde, certainement, nous nous en doutons, nous serons bel et bien la risée, bah par ici on serait « né avant la honte », les statistiques et comparatifs minorants ou humiliant ne nous font plus aucun effet. Ce qui est regrettable d’ailleurs faut-il le souligner : quand un peuple n’a plus honte de ses hontes, c’est qu’il a déjà parcouru des bons kilomètres dans la route de sa déchéance. Sur un échantillon de 100 marches de revendication que la ville peut enregistrer dans une année, 93 tourneraient vers la politique : c’est assez révélateur pour nous. De là à se demander qui sont ces candidats qui se bousculeraient inconsciemment à occuper la cage vide du « Vieux Marcel » !