Décès de Kyungu : Ainsi s’en va un homme des pouvoirs

            Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza est décédé le samedi 21 août 2021 à Luanda où il était pour soins de santé. A travers un communiqué de presse, Me Mukalay Lama, secrétaire général du parti du défunt l’Union Nationale des Fédéralistes du Congo (UNAFEC) en appelle donc à tous les membres et sympathisants du parti à garder leur calme en attendant le programme des obsèques du patriarche.

              Il y a quelques jours déjà que sur les réseaux sociaux se succédaient rumeurs et cinglants démentis sur le décès de cette véritable bête politique ayant co-écrit toutes les différentes notes de la partition de la politique congolaise au sortir de l’indépendance.

Homme de pouvoir, âgé de 83 ans, Gabriel Kyungu en plein exercice de ses fonctions en tant que président de l’Assemblée provinciale du Haut Katanga et président du conseil d’administration de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC).

Et, comme si le sort s’acharnait sur le clan Kyungu, il y a environ une semaine, un de ses fils aussi été mort.


                Un de 13 parlementaires frondeurs ayant quitté Mobutu pour créer l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Kyungu fut donc de ces 13 parlementaires arrêté en 1980. Mais il n’aura pas longtemps tenu à l’opposition, et oscillera jusqu’à sa mort entre les différents jeux de différents pouvoirs. Sous Mobutu il fut nommé à deux reprises gouverneur de la province du Shaba et s’illustrera dans des atroces massacres épurations ethniques à l’endroit des populations d’origine kassaïenne vivant dans le Shaba entre août 1992 et 1994 quand plus de 5000 personnes perdront la vie et plus de 1 350 000 victimes de déplacement forcé, une tare qui collera le Gabriel Kyungu le restant de sa vie tant certains voient dans l’actuel attachement du Baba Kyungu  à l’actuel chef d’Etat Félix Tshisekedi un acte de contrition personnelle. A l’avénement de la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila, Kyungu est à nouveau gouverneur du Shaba redevenu Katanga avant d’aller en ambassadeur plénipotentiaire de la RDCongo aux Emirats arabes unis (1997-2001). De fil en aiguille le patriarche va servir sous le règne de Joseph Kabila et là encore il s’illustrera à attiser la haine tribale contre les kassaîens qui demeuraient encore au Katanga.                   Mais le jeu de pouvoir jouant souvent de l’imprévisible, sous le dernier mandat de Joseph Kabila, Kyungu tombe en disgrâce et se positionne opposant. Et, l’acte le plus symbolique des accords de la Saint Sylvestre fut l’axe Tshisekedi – Kyungu. Et, si c’est de là qu’est né l’actuel pouvoir, on dira que le pouvoir a vraiment connu Kyungu qui ne manquait pas d’occasion pour s’afficher un inconditionnel de l’actuel pouvoir, une sorte d’ultra, plus royaliste que le roi lui-même. Tout le monde commençait à aimer ses envolées et ses chaudes accolades avec son fils Felix Tshisekedi. Et c’était devenu presque compromettant d’évoquer le passé acide de l’homme. Est-ce peut-être une leçon pour ceux s’avilissent en s’enivrant au suc ou Bombé du pouvoir ? Le pouvoir n’est qu’un service. Repose en paix Baba !