Face à la pression des médecins non primés Eteni sort littéralement par derrière

Hier mercredi 8 juillet c’était le jour de toutes les vérités pour la multitude des médecins non primés de toute la République qui battaient les pavés pour revendiquer le contraire de leur dénomination : le passage au statut de médecins primés. Dans la capitale Kinshasa le point de chute était la primature où vers 19h une haie de blouses blanches accueille en lui aspergeant des cantiques acides le ministre de santé Eteni Longondo. Le chef de la santé nationale verse un peu d’eau pour atténuer en leur assurant une issue prometteuse à sa sortie d’entretien avec le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilukamba. 20h, 21h, pas de sortie promise. C’est vers 21h30 que les toubibs remarque l’ombre furtive du ministre se faufiler vers l’issue secondaire de la primature. Le ministre se sauve. Le sit-in, quoique déjoué ne s’en ébranle outre mesure. Le premier ministre était encore dans son bureau. Il faut noter que, avant l’arrivée du ministre de la santé, le premier ministre avait demandé de recevoir une délégation de la corporation, mais, c’est une classique de notoriété publique dans notre monde syndicale, on achète bien souvent ce petit groupe, et c’est ainsi que les médecins avaient refusé de constituer pareille délégation.  La totale c’est, quand à 22h le première ministre sort aussi à la dérobée, comme son ministre. Et la colère du corps médical est alors à son comble, ils ruminent leur déconfiture jusque tard dans leur sommeil acquis certainement à force de somnifère.

En effet, ils sont officiellement entre 7500 et 8000 recensés dans tout le pays. Des médecins régulièrement engagés dans la fonction publique mais qui ne sont pas toujours éligibles à leurs primes de risque, qui constitue pour eux un minimum vital quelque peu décent. Plusieurs promotions de médecins partagent ainsi cette infortune où autrefois il leur fallait même jouer des relations et combines pour avoir son nom figurer au haut de la liste des imminents bénéficiaires de cet alignement, qui est pourtant droit légitime. Après une offensive foudroyante de la corporation à l’avènement du nouveau pouvoir, ils avaient pour la première fois obtenu un rendez-vous couche-tard au forcing avec le président de la République à la cité de l’Union Africaine, mais rien n’y a fait. Le courroux des médecins sera à placer dans le registre de la non effectivité des promesses leur faites par le ministre Eteni au mois de mais dernier quand il avait officialisé la procédure d’alignement progressive de ces médecins par pallier de 1500 agents dans chaque trimestre. La machine évoluerait bien tout en bloquant au niveau du ministère du budget où il n’y a que le premier ministre qui peut tout activer. Un cercle vicieux donc qui donne l’étourdissement aux cliniciens pourtant habitués à résoudre pareils vertiges en diagnostics. Il sied de notre noter que peu avant son accession au poste ministériel Eteni Longondo était le premier et dernier président du collectif des « médecins de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social – UDPS ». Faut-il en déduire que le collectif de médecins de l’UDPS en veuille autant au collectif des médecins non primés ? Pas visiblement. Cela n’échappe à personne que les finances publiques virent au déficit, surtout pendant ce temps de Covid-19.

Nul n’envierait certes de se trouver à la place de ce ministre ultra torpillé par les affaires : son vice-ministre le traine en accusation, les membres de l’équipe de Riposte Covid ont débraillé il y a peu et tutti quanti. A l’ombre des volets clos, en isolement, il y a de quoi ne pas résister à l’envie de bruler un cierge à l’effigie de son prédécesseur qui doit à l’heure actuel ruminer de sourates en prison, tout en soufflant, peut-être.  Qui maintenant doit nous rappeler qu’il faut reciter toujours et toujours nos gestes barrières ?

                                                                                                                                                     Freddy Kabeya