Libérez Bayon !

« Tika Bayon, kanga kuluna ! » (« Libérez Bayon, arrêtez plutôt les brigands-kuluna ») scandent une centaine  de voix encore chaudes malgré la fraicheur matinale de ce mercredi 15 juillet 2020. Il est 7h 14 qui s’est ruée au matin de ce mercredi 15 juillet 2020 devant les installations du District de la Police de la Tshangu. Ils sont jeunes et adultes, quelconques et mâtures. Tous viennent du quartier Mapela, officieusement quartier 5 de la commune de Masina, à l’Est de Kinshasa. Ils ont parcouru plus de 9 kilomètres à pieds, rameaux et casseroles en mains pour venir plaider et clamer haut et fort auprès du commandant du District de la Police afin que l’on relaxe Bayon, l’égérie de tout un quartier.

Certaines femmes sont presque en larmes devant nos caméras, craignant la résurgence du banditisme du grand chemin qui empestait le quartier et que Bayon et sa bande ont réussi à nettement juguler.

En effet, Bienvenu Tshishiku alias Bayon, Maître sportif karateka habitant le quartier Mapela a su mobiliser certains de ses compères pratiquants des arts martiaux pour former une équipe de lutte contre les kulunas nommée « 2 pas -2 pas ». Cette structure est connue et patentée par toutes entités administratives tant de la ville province que de la commune. C’est donc grâce à cette base des « Maîtres volontaires » – ainsi nomment- on ces genres de structures citoyennes, a su guérir le quartier de la peste kuluna qui la gangrénait. Il faut signaler que cela fait près d’une quinzaine d’année que la rue kinoise fait face à la montée d’un banditisme d’un tout autre genre, les kuluna. Le mot, serait emprunté au portugais « coluna », désignant des gens marchant en colonne, surtout pour nuire. Se sont-ils inspirés de l’Angola voisin ? ce serai facile de rejeter nos torts sur les autres, mais toujours est-il que ces genres de phénomènes de société, à l’image des « ujana » et autres sont des manifestations criantes des politiques sociales déliquescentes. Voir même que certains hommes politiques ont élevé un kuluna à la Gloire, en l’occurrence le sinistre « Chaleur » en l’incorporant dans sa ligue des jeunes afin d’intimider et de terroriser les militants des partis politiques adverses.  

Pour revenir à nos faits. Le samedi 13 juillet, les équipiers de Bayon  sont brutalisés en plein journée au quartier Bola, un quartier sensé être sous couverture « 2 pas-2pas ». Pour s’enquérir de quoi il retourne, Bayon s’amène avec 2 autres de ses proches, l’escalade est telle que le maître volontaire appelle le renfort de la police. Cette dernière boucle tout le monde, Bayon y compris. L’on apprend alors qu’au quartier Bola s’était implanté une autre cellule anti-kuluna dénommé « 3 pas – 3 pas » avec la bénédiction du responsable urbaine du mouvement des « Maîtres Volontaires », un certain « I’m sorry » (lire : Amusori) qui n’en a ni informé le commandant de la police du District de la Tshangu, ni les autorités communales de Masina, encore moins les ténors de« 2 pas-2pas ». C’est ainsi que la police nationale étoffe la troupeau des « appréhendés » en mettant la main sur le fameux « I’m sorry » et en le coffrant dans la maison communale de Masina. Le lundi, Jean-Pierre crée l’événement à Tshangu sur le Boulevard Lumumba, tout le monde est parti voir, y compris les policiers en charge de la garde de « I’m sorry », et ce dernier s’échappe. La hiérarchie de la police s’en prend vertement au Chef de poste de la police de la commune de Masina, on le coffre, lui et certains de ses éléments. Dans la même vague, on transfère Bayon et compagnie au cachet du District de la Tshangu, certainement en partance. C’est ainsi que, craignant à la fois et pour la tournure que prend cette procédure et pour le spectre du retour de la terreur kuluna dans le quartier, la population s’est prise en charge ce matin, et, deux pas – deux pas, comme disent les kinois ils sont venus crier leur protestation au numéro de la Police de la Tshangu, le colonel Bienvenu. Une histoire des pas. Il est 10h45,  Il est 10h45, pendant que nous sommes en train de finaliser cet article l’on nous apprend que Bayon vient enfin d’être libéré.Bayon. Et, la population qui s’est payé un fructueux sit-in depuis ce matin, escorte en grand triomphe son héros. L’ambiance est redevenue électrique du côté de Pascal et de la maison communale de Masina où le bourgmestre est en train de recevoir Bayon en ce moment précis. Il faut toujours libérer Bayon. Il y a des gens comme ça. Comme lui. Comme…

 I ‘m sorry, je n’ai pas encore de photo de Bayon, mais pour illustration suivons cette courte vidéo de la température de ce matin. Libérons nos Bayon !

                                                                                                                                                            Freddy Kabeya