Santé : La maternité de Kingasani, la plus grande de la RDC serait-elle une arnaque sanitaire ?

Ce 27 mars 2023 le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a inauguré la nouvelle maternité du Centre hospitalier Kingasani des Sœurs des Pauvres de Bergame, dans la commune de Kimbanseke à Kinshasa.

Pour une dotation de 4,2 millions d’euros allouée par l’Agence Française de Développement (AFD), dans le cadre de la collaboration bilatérale entre la RDC et la France, en bâtiment et équipements mis en œuvre par le consortium Ginger international et Médecins du Monde dans le cadre de la deuxième phase du programme « Projet Mère et Enfant de Kinshasa » (PROMEKIN2) visant à contribuer à la réduction de la mortalité et morbidité materno-infantiles de la population de Kinshasa.

C’est justement vis-à-vis de la dernière concerne, de « contribuer à la réduction de la mortalité et morbidité materno-infantiles de la population » que le flagrant paradoxe frappe le monde de la santé au regard des criants dysfonctionnements dont fait montre le Centre Hospitalier de Kingasani.  Tant du côté maternité que d’autres services.

En ce qui est de la maternité, pour un ratio annuel de plus de 4000 accouchements la maternité de Kingasani qui reste la plus grande de toute la RDC. L’affluence des parturientes est vivement d’abord due au coût dérisoire pour les actes d’accouchement, mais aussi par la prétendue « expérience » dont jouirait l’hôpital.

Mais l’opinion a un grand mal à comprendre le laxisme dont jouirait cette formation hospitalière auprès des autorités sanitaires nationales. Comment comprendre que pour un tel volume d’activité le CHK n’emploie aucun gynécologue ? Ils contractent à temps partiel un seul médecin généraliste qui ne passe qu’une seule fois la semaine.

Pire, c’est le niveau du restant du personnel sanitaire qui laisse à désirer. Le Centre Hospitalier, dans une stratégie mercantile à outrance visant à engager plus de bénéfice que de dépenses n’engage presque pas les infirmiers diplômés de niveau supérieur (A1), préférant n’employer que ceux de niveau secondaire (A2) car moins ne revendiquant pas trop et se contentant d’un salaire dérisoire. Tout cela au-delà du caractère mono tribal de tous les agents qui met en mal l’égalité de chance à l’emploi ç tous les fils du pays. Cet état de choses est connu de toute la corporation, voire même du Bureau Central de la Zone de Santé de Kingansani situé à moins de 200 mètres du CHK. Mais, visiblement cette dernière aurait les mains plus longues que peu d’autorités sanitaires ne leur en imposent.

Et maintenant que l’Etat vient d’être impliqué au lancement des activités avec ces nouveaux investissements nous en appelons aux autorités sanitaires, conseillers et autres d’opérer un contrôle strict sur les normes de viabilité d’exercice de la médecine et disciplines apparentées. Dans la pyramide des institutions de santé un centre hospitalier ne fournit pas le même paquet de soin qu’un vulgaire centre de santé. C’est à ce niveau que nous tirons la sonnette d’alarme auprès des autorités afin qu’ils endossent véritablement leurs attributions de régulations du système sanitaire. On ne laisse pas les commandes d’un avion à un expert de jeu vidéo de simulation de vol, aussi doué soit-il. La vie n’a pas de prix.  

Freddy Kabeya