Patrick Bhayo lance son fringant Dessin Animé

Depuis ce mercredi 8 juillet l’un des actuels maîtres de l’animation congolaise en 2D, Patrick Bhayo et son Studio Mazzara viennent de lancer Ya Mukolo, une puissante animation sur un fait banal du microcosme congolais.  Ce film d’animation auquel tout le public peut accéder gratuitement sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=2v4l_58vIEU) est le fruit d’un dur labeur et de moult sacrifices consentit par tout. En ces temps de « confinement mental » où toute la population chasse les mêmes démons, broie du même noir, partager un même sain divertissement est un must, sinon une thérapie obligée.

Qui est Patrick Bhayo ? Il est le prototype craché de ceux qui ne voient pas souvent le soleil car tout le temps absorbés par l’ouvrage. Mais, en pratique artistique Patrick pèse 7 ans de métier et un palmarès alléchant : c’est bien lui qui a animé toute la saison 2 de la saga Bana Boul, du talentueux hallain Paluku avec comme célèbre personnage. Il a participé à la réalisation de plusieurs spots publicitaires animés dont celui de Germol. Il réalise des clips animés dont celui du chanteur marocain, Amine Aub, et celui de la chanson Jouj Kelmate avec des personnages animés. Actuellement il est en plein de série d’animation de contes congolais. Peut-être qu’en sortant nous livrer son produit le réalisateur s’est étonné qu’on soit sous état d’urgence. Le temps de lui expliquer pourquoi il y a eu état d’urgence, c’est quoi le corona virus… nous pouvons aller nous pénétrer de sa production afin d’en tirer un juste jugement de valeur, car bien souvent, notre espace culturel souffre d’un grand manque de critique objective, pourquoi pas négative. Toutes nos productions culturelles, même les plus ineptes sont encensées dans les médias, bien souvent par des acteurs médiatiques dépourvus de qualification requise. Par-là j’arrête donc de louer Ya Mukolo et en attend vos différentes revues. Mais cela ne nous empêche pas de revenir sur le personnage Bhayo et son équipe Studio Mazzara qui déjà l’année passée avaient aligné plusieurs sessions de formation et d’initiation à la réalisation des films d’animation. Un autre acteur clé de cette machine c’est Jeannot Kayembe, un de dessinateurs prolifiques ayant fait la pluie et le beau temps avec Matrix Mélody, cette autre unité de production de dessins animés populaires des années 2007.

Sur la forme, 4 minutes 39 secondes, c’est le timing de Ya Mukolo. Pour avoir une idée, la production d’un dessin animé d’une seule minute peut parfois prendre deux à trois mois avec un budget colossal de plusieurs milliers de dollars. Il y va de la conception, du storyboarding, des différentes performances graphiques, des performances vidéo, du casting et des inputs vocaux des acteurs comédiens. C’est ce côté onirique qui en fait un secteur de production pas très en vogue dans les pays africains quoique nos enfants et nous-mêmes des passifs consommateurs. Pour rappel, Ayo de Yopougon, Kirikou, etc sont des productions franco-françaises, quoi que pour l’Afrique. Alors, ne nous étonnons pas du diktat des personnages typés conçus à desseins et pour dire l’africain, et pour l’influencer, car les plus gros consommateurs en sont nos enfants, c’est redondant de dire qu’ils sont très influençables. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de productions africaines, et là brisons un peu de le ceau du communautarisme car l’Afrique n’est pas un pays, les premiers en la matière sont les nigérians. Ces derniers avec un espace cinématographique assez développé arrivent à produire des dessins animés très appréciables quoi que avec un prisme de diffusion pas assez étendu. Sur ce, nous savons donc ce qui nous reste à faire pour construire un imaginaire congolais authentique et digne pour notre jeunesse : soutenir la production culturelle tous azimuts, et celle balbutiante du dessin animé. Comment ? En achetant, accédant, consommant les productions y afférentes et en donnant nos avis constructifs pour aider la machine à aller de l’avant.

Et, Patrick Bhayo vient d’oser ses 4 minutes 39 seconde tel une performance de Tyson sur le ring. Nous reviendront encore dessus pour une lecture plus critique de cette production, avec vos feedbacks chers lecteurs.

En attendant, Patrick Bhayo et la Team : Bravo, brava, bravi !

                                                                                                                         Freddy Kabeya