« …Ils ont arraché ses entrailles et m’ont demandé de préparer… » témoignage de Furaha reporté par Julienne Lusenge à l’ONU

La reconduite pour un an de l’embargo sur l’achat d’arme opérée le 30 juin au Conseil de Sécurité a quelque peu tenté d’occulter un autre poignant plaidoyer mené toujours auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU par Julienne Lusenge qui y une représentante la société civile congolaise. Madame Lusenge est à la fois directrice du Fonds pour les Femmes Congolaises (FFC) et présidente de la Solidarité Féminine pour la Paix et le Développement Intégral (SOFEPADI).

 Il a donc été demandé à madame Lusenge de planter le décor social et humanitaire des zones de conflit de l’Est congolais.

Après avoir plaint les plus de 5,5 millions de congolais déplacées internes des faits des ADF, M23, FDLR, CODECO et des autres groupes armés, Julienne Lusenge peint l’invivable tableau des femmes zones de conflits. Certaines d’entre elles allant même jusqu’à cuisiner de « la poussière et de la terre » pour nourrir leurs enfants, par manque de maïs ou de soja.

Alors qu’on croyait avoir atteint le summum de la déshumanisation, l’activiste congolaise se lance dans un récit des plus inracontables !

En des termes directs, Julienne Lusenge raconte Furaha, jeune femme porteuse d’une rançon de 700$ pour aller faire libérer un parent kidnappé par les rebelles. « C’était un piège qu’ils m’ont tendu pour me ligoter, me tabasser et me déshabiller. …Ils ont égorgé un homme Nande, ont arraché ses entrailles et m’ont demandé de préparer… » a rapporté la présidente de SOFEPADI. Et de poursuivre : « Tard la nuit, ils sont arrivés dans un autre camp, m’ont violée toute la nuit et soumise à d’autres sévices corporels. Quelques jours plus tard, j’ai été relâchée par un élément de la même milice CODECO qui m’a indiqué le chemin. Malheureusement, j’ai été encore arrêtée par un autre groupe dans un autre village et détenue esclave sexuelle durant plusieurs jours. Là aussi on m’a fait préparer et manger la chair humaine. »

Pour atterrir dans son mot, madame Lusenge a formulé une série de recommandations visant à pallier à l’insuffisance des juges, au manque de réparation après condamnation des auteurs ; aux longues distances pour atteindre les tribunaux, ainsi qu’aux difficultés dans la collecte et conservation des preuves.

« Nous constatons l’amplification de méfiance entre : la population et les dirigeants, entre les différentes communautés, envers les humanitaires, envers la mission de maintien de la paix à cause de l’insécurité et les souffrances qui augmentent chaque jour. Nos efforts de   renforcement de la cohésion sociale, les formations sur la cohabitation pacifique pour atténuer les conflits au sein des communautés sont annihilés par ces souffrances extrêmes. » a ajouté la directrice du FFC.

Il faut que ça cesse !